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En ces temps incertains, il vaut mieux être grand et en bonne santé…
Alors que chaque jour apporte son lot d’exemples de PME/PMI bataillant pour obtenir des financements de leurs banques y compris avec les mesures de garanties apportées par l’Etat Français, le marché des euro-obligations connaît des records d’émissions : plus de 90Mlds € entre le 20 mars et aujourd’hui. Les 70Mlds du mois de septembre 2019, le dernier record, font figure de petit joueur…
Pourtant, rien n’était moins sûr début mars. Les craintes d’une crise de liquidité rappelaient les pires souvenirs de septembre 2008 après la chute de Lehman Brothers. En effet, le 11 mars, Danone fermait le marché avec une émission de 0,8Mlds € à 7 ans, la dernière émission avant le début du confinement. Le doute planait quant à la réouverture, alors même que les marchés actions subissaient des revers historiques, qu’en serait-il des marchés de la dette ?
Toutefois, la pandémie n’a pas asséché la liquidité, toujours très abondante, aidée en cela par des Etats volontaires et une Banque Centrale Européenne précautionneuse. Après avoir réglé en un temps record les rouages techniques du travail à distance, les banques rouvrent leur desk le 20 avril avec l’émission obligataire d’ENGIE, 3 tranches pour 2,5Mlds €, avec une maturité moyenne de 8 ans. Près de 4 fois sursouscrite, cette émission démontrait, s’il était besoin, que les investisseurs étaient bien présents.
Les entreprises, soucieuses de préserver leurs liquidités, saisissent la fenêtre : Carrefour (1Mlds €), Air Liquide (1Mlds €), Saint Gobain (1,5Mlds €), ADP (2,5 Mlds €), Orange (1,5Mlds €), LVMH (2Mlds €), Total (3Mlds €), Pernod-Ricard (1,5 Mlds €), Bouygues (1 Mlds €), Cap Gemini (3,5 Mlds €), La Poste (1,8 Mlds €), JC Decaux (1Mlds €), Sodexo (1,5 Mlds €), Auchan (1Mlds €) pour les françaises les plus importantes. Un banquier témoigne : « j’ai cru que j’allais craquer : 5h à minuit tous les jours, parfois jusqu’à 9 émetteurs dans la même journée ! ». L’entrée en période de blackout depuis quelques jours est venue, à point nommé, temporiser la frénésie du marché.
La liquidité en temps de crise a, malgré tout, un prix : on a vu se tendre les spreads souvent de 100/150 points de base sur mid swap pour les entreprises les mieux notées, jusqu’à plus de 300 points de base pour les entreprises dans des secteurs en difficulté ou très touchées par les impacts du COVID 19. Effet d’aubaine pour les investisseurs qui saisissent cette opportunité de rendement sur des signatures de premier plan ; certaines émissions ont vu leurs books sursouscrits jusqu’à 8 fois, et ce y compris sur des maturités longues souvent avec des tranches à 10 ou 12 ans. L’aversion au risque est toutefois toujours là : seules les entreprises investment grade profitent de cette bonne tenue du marché obligataire. Les crossovers les plus fragiles et les high-yields doivent trouver d’autres sources de financement.
Pour conclure, la crise sanitaire n’est pas la crise de 2011. Elle n’a, en aucun cas, conduit à une crise du crédit. D’une part, la liquidité est assurée au sein du système bancaire par les rapides décisions fortes de la BCE. D’autre part, les grandes entreprises sont beaucoup plus solides et disposent d’un matelas de trésorerie non comparables à 2011.
La confiance des investisseurs est donc bien présente dans les fleurons de notre économie et les entreprises font, quant à elles, preuve d’anticipation et de prudence laissant présager une reprise vigoureuse post-confinement.