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Travers et difficultés du recrutement des jeunes diplômés

Aujourd'hui Xerfi Canal a reçu Michel Mondet, Président d'Akeance Consulting, pour parler des travers et difficultés du recrutement des jeunes diplômés. Une interview menée par Thibault Lieurade.

Bonjour Michel MONDET.
Bonjour Thibault.

Vous êtes président d’Akeance Consulting. En 2019, avant la crise, c’est-à-dire il y a une éternité, on avait évoqué les difficultés de recrutement dans l’entreprise. Certains macroéconomistes disaient même, à l’époque, que ça pouvait être ce qui allait provoquer la prochaine crise. Qu’en est-il aujourd’hui ? Est-ce que vous le retrouvez toujours malgré les plans sociaux qui se multiplient, et donc, de plus en plus de candidats sur le marché de travail ?

Oui fondamentalement, le recrutement est toujours quelque chose d’ingrat. C’était le cas il y a quelques années, c’était le cas dans le monde d’avant n’est-ce pas ? Mais c’est le cas dans le monde pendant et je crains que ce sera encore le cas dans le monde d’après. Simplement les travers et cette ingratitude sont exacerbés si vous voulez. Il y a clairement pendant cette période des opportunistes, des gens qui ont envie d’attraper la houppette de Kairos, vous savez le dieu grec de l’opportunité, en disant si je prends 20% je suis content mais vous avez aussi des travers plus embêtants comme plus de mensonges dans les CV, les vrais mensonges, qui sont les diplômes qui n’existent pas etc., ou les faux mensonges qui sont qu’à 24 ans, j’ai une expérience de 10 ans si vous voulez. C’est un peu embêtant parce que du coup on a besoin de vérifier beaucoup plus, pas uniquement les motivations qui sont toujours compliquées mais de vérifier beaucoup plus les faits sur le parcours d’un candidat.
Mais pour avoir sa chance, il faut savoir se vendre comme on dit : qui ne tente rien, n’a rien.
Oui c’est vrai, mais il faut quand même éviter de se plaire pendant une heure ou deux heures d’entretien, voire une journée si vous voulez, pour être déçu pendant 364 jours par an. Donc il faut quand même essayer de se parler-vrai, pour parler-vrai, il faut parler, et c’est mon cas chez Akeance, on parle de la perspective de carrière, de la perspective du métier, des intérêts du métier, des aléas du métier, etc. pour être complètement transparent et là on bute sur deux sujets qui sont eux-mêmes exacerbés en cette période de crise. C’est l’aversion au risque des plus jeunes et par ailleurs, l’incapacité à se mettre en déséquilibre et à envisager le temps long. En gros, l’aversion au risque et l’aversion à l’engagement, c’est ça le temps long. Et je le vois systématiquement, dans cette période où l’aversion au risque est encore plus forte, quand on me dit, alors qu’on vient de me dire qu’on est tout à fait d’accord pour venir chez Akeance à tel prix etc., je sors le contrat, je dis maintenant on signe, et là, la réponse est : « je vais quand même réfléchir ou en parler à ma grand-mère » si vous voulez. Donc on voit bien le refus d’obstacle qui n’est ni plus ni moins qu’une aversion au risque et puis une aversion à l’engagement, très clairement l’aversion au temps long.
Et ça, ça crée j’imagine une forme de lassitude chez celui qui recrute.
Oui, ce n’est pas uniquement chez celui qui recrute mais je le vois pertinemment dans les cabinets de recrutement. On a une dizaine de cabinets de recrutement pour essayer de paralléliser le plus possible nos « searches ». Tout le monde est là parce qu’au fond, à force d’être « à peu près » et de « prétendre à » on finit par être mensonger profondément, c’est-à-dire que le candidat, même le recruteur ne sait plus s’il veut changer de boulot ou pas si vous voulez. Donc il y a une vraie lassitude et au fond on passe d’une situation où l’on se disait : « ce serait quand même bien que l’individu que je vais recruter me remplace dans 15 ans » à « celui-ci je ne sais même pas s’il va me dire oui » si vous voulez. Donc je pense qu’il faut vraiment que tous ces jeunes candidats reprennent en main leurs propres vies et qu’ils osent, qu’ils osent l’engagement, qu’ils osent le temps long, qu’ils osent le collégial avec leurs futures équipes si vous voulez.
Et pas le collectif si je comprends bien.
Absolument Thibault.
Merci beaucoup Michel MONDET.

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