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Le concept de chef

On a besoin de chefs et d'élites... légitimes

Bonjour Michel Mondet,

Bonjour,

Vous êtes président d'Akeance Consulting, et vous qui êtes chef d'entreprise j'ai envie de vous entendre aujourd'hui sur cette notion, ce concept de chef, alors je sais que vous vous méfiez aussi beaucoup des buzz words et aujourd'hui on entend beaucoup parler d'horizontalité, d'organisation transversale, on entend beaucoup parler de collaboratif, mais dans le même temps on assiste quand même à une montée des populismes. Alors est-ce qu'il faut en déduire que le chef est en crise aujourd'hui, la notion de chef ne marche plus ?

Non Thibault, je ne partage pas... votre question, le sujet ce n'est précisément pas ça ! La question est sur le chef, mais de manière suivante : vous avez, c'est vrai dans les populismes, c'est vrai dans le collaboratif, c'est vrai dans des tas de sujets ou au fond une population c'est une population, c'est une république, c'est la population d'une entreprise, c'est la population d'une communauté quelconque, est déçu par ses chefs. Donc elle est déçue par ses chefs et elle le montre, c'est le crowdfunding, c'est tous les sujets collaboratifs que vous évoquez, c'est les votes que vous connaissez d'un point de vue républicain, mais ça ne dit pas que l'on n’a pas besoin de chefs, ça dit que l'on est déçu de ses propres chefs, donc l'idée c'est en même temps la reconnaissance du besoin d'un chef, si vous voulez, et c'est le paradoxe de cette démocratie c'est la démocratie, c'est d'être capable de dire : j'ai besoin d'un chef mais d'un vrai chef si j'ose dire !

Bah alors, c'est quoi un vrai chef, pardonnez-moi la tournure de la question, mais qu'est-ce qui différencie le bon chef du mauvais chef ?

Ah,  un chef, si vous voulez un chef c'est quelqu'un qui est déjà reconnu comme tel, si vous voulez. Donc il a les attributs du chef, si vous voulez, un chef il y a une définition il doit décider, il doit arbitrer, il doit avancer, il doit proposer des stratégies, c'est dans l’attribue du chef. Encore faut-il que ces attributs existent. Le deuxième sujet, c'est qu'un chef s'est légitime, la légitimité c'est quoi ? C'est une quantité de connaissance, maîtrisé, connue, que multiplie une quantité d'expérience, si vous voulez, et là on a effectivement une légitimité, que ce soit une expertise, un secteur, une vie en politique, ou ce que vous voulez, c'est la légitimité. Et le troisième sujet, c'est d'être tout de même à l’écoute, je dis tout de même parce que le but du jeu ce n'est pas d'écouter exclusivement ce que dit la vox populi, c'est de prendre en compte ce qui est dit par la vox populi, pour l'intégrer dans sa décision, dans son arbitrage ou dans sa vision. Il  ne s'agit pas d'être un des leurs, il s'agit de prendre en compte l'écoute. C'est à mon avis les trois critères qui font qu'on n'est un vrai chef.

Mais qu'est-ce qui différencie un chef d'un dictateur ?

Beaucoup de choses, beaucoup de choses, vous savez il y a de la manipulation, un dictateur manipule donc ça renvoie plus au concept d'autorité proprement dit, d'autorité autoritaire ce n'est pas une tautologie. Le dictateur n'a pas besoin de légitimité, autre exemple il s'en fiche le dictateur du moment qu'il prend le pouvoir de l'entreprise ou d'un pays, c'est un peu la même chose, il reste autoritaire. Non, je crois qu'un chef, l’élite en général, si vous voulez, ce sur quoi je voudrais insister, c'est son besoin, sa nécessité, son devoir de reproduire l'élite. Une élite ça doit reproduire une élite, un chef ça doit reproduire lui-même, si vous voulez, c'est tout un devoir. Quand on a la chance d'appartenir à une élite, quelle qu'elle soit, d'expertise, de connaissance sociale ou ce que vous voulez, son premier devoir c'est de faire en sorte que les suivants soient meilleurs que vous-même. Regardez les grandes écoles en France, elles ont été fondés précisément pour éviter une reproduction de couches sociales et ça été fait pour élargir à toute la population la capacité d'avoir les moyens et compétences d'une exigence qui viennent servir une élite qui va se reproduire au fil des générations.

Et si on en revient au niveau de l'entreprise c'est la même chose ?

Absolument, c'est la même chose, c'est la même chose,  un chef doit encore une fois avoir ses attributs de chef, doit être légitime, doit écouter et il doit lui-même reproduire sa succession si j'ose dire, pas au sens successoire de l'entreprise habituel, si vous voulez, mais refaire en sorte que l'individu chef puisse renaître et faire renaître lui-même en mieux.

J'en reviens à ma question initiale, les élites elles sont en crise aujourd'hui ?

Oui, elles sont en crise Thibault, elles sont en crise, elles abandonnent la partie, c'est triste et c'est grave. Elles abandonnent la partie parce qu'elles oublient ce devoir, qui est un devoir social et sociétal de se reproduire. Alors, il ne faut pas reproduire à l'identique ça peut une reproduction de couche sociale, c'est faire en sorte que l’élite elle a se devoir de faire renaître, parce qu'elle a la chance d'être l’élite, faire renaître l'élite suivante. On a cédé au populisme, on a cédé à la pipolisation, peu importe, on a abandonné l'idée de bien et de mal , donc en tuant le bien on a tué le mal donc on a plus d’exigences, on n'a plus d'honneur, c'est un mot du 19e siècle maintenant l'honneur vous savez, et du coup on finit par ne plus s'aimer et s'est triste pour une élite qui va servir aux générations d'après, une situation plus ou moins chaotique.

Donc en conclusion, on ne le sait pas vraiment mais, on a besoin d’élite.

Absolument !

Merci beaucoup Michel Mondet.

Merci.

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