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Combien de fois entend-on comme une sorte de cri de satisfaction « il a cassé les codes » ! Il y a dans cette expression une sorte de plaisir intrinsèque, comme si casser les codes était tellement positif, tellement source de progrès que la joie qui s’en dégage est indomptable.
Ces émotions inhérentes au « cassage de codes » confondent malheureusement innovation et destruction, changement et progrès, nouveau et jugement de valeur. Bref, comme souvent, l’émotion est mal conseillère de la pensée.
Dans la rue, la liberté de soi devient la contrainte de l’autre. Eh oui, le code de la route n’est pas si mal pensé que cela… Mais rouler à vélo sur un trottoir, ou qu’une trottinette ne respecte pas un feu rouge, c’est casser le code de la route… au nom d’une liberté qui fait prendre des risques aux autres. On voit bien le danger que guette la tendance à casser les codes de la route.
De manière plus proche de notre métier, là encore, il n’est pas nécessaire de casser les codes. Une méthode est une méthode. Pourquoi s’évertuer à changer une méthode qui a fait ses preuves ? En général, c’est le manque d’exigence et le manque de rigueur qui conduisent à « casser les méthodes », malheureusement.
Sans compter que les codes comportementaux doivent être respectés. La politesse a sa part de codes. La bienveillance à l’égard des autres se traduit bien souvent par des codes : utilisation du conditionnel, ponctuation d’une conversation par un « si vous voulez bien » ou un « s’il vous plaît » etc.
Quant à l’écrit, il traduit la justesse de la pensée, sa subtilité et ses nuances. La langue s’est construite au fil des ans et souffre ses exceptions, ses complications. Y toucher, c’est à la fois toucher à l’histoire de la langue et prendre le risque de compliquer encore un peu plus la langue. Amusons-nous plutôt de l’histoire de notre langue qui fait que le Rhône est un mâle et la Loire une femelle ou encore qu’un amour seul est masculin alors que son pluriel est féminin…
Respectons les codes et sourions-en.